Mémoires d’un rebouteux breton

De Catherine Ecole-Boivin – Edition Pocket

Ce livre est un témoignage d’un rebouteux du siècle précédent. Véritable plongée dans le monde des soins palliatifs naissant au cours du 20ème siècle, l’homme raconte sa rencontre avec l’art de remettre d’abio*, un savoir appris au contact de son père rebouteux et la transmission du don dans la famille. Héritier d’un savoir  qui a pu sauver les malheureux et les blessés, nous découvrons un monde paysan peuplé de sorciers, de barreux*, de magnétiseurs et de rebouteux. A chacun sa spécialité, pas toujours appréciée de notre spécialiste des membres et des os. Nous découvrons au long des pages les questionnements du jeune homme, ces diverses expériences professionnelles entre apprenti boucher puis boucher généreux du village par la suite, organisateur de courses de voitures, ses expériences personnelles entre deux mariages et la naissance de ces enfants, nous replongeant dans une France paysanne disparue depuis. Durant tout son parcours, il pratique régulièrement auprès des nécessiteux, remettant les bras et les jambes en bonne place pour permettre le retour aux champs le plus rapidement possible : à cette époque, un homme impotent est un poids pour tous.

Homme de l’art confronté à l’émergence d’une médecine de ville chaque jours plus importante et surtout suspicieuse de sa pratique, il raconte comment il surprend les scientifiques par son don, l’écoute des muscles et des tendons vibrants comme des cordes musicales sous ces doigts,  et son expérience pragmatique, au point de susciter chez certains la jalousie, pour d’autres l’envie d’apprendre par sournoiserie (les copieux qui amièlent*), et pour d’autres, moins nombreux, la démarche d’entreprendre une collaboration ou chacun à son rôle et sa place. L’homme sentant qu’il doit valider son expérience par une formation scientifique le rendant plus crédibles pour les blouses blanches, et souhaitant étendre son art aux soins des vertèbres, se forme auprès du professeur Marchesseau, biologiste considéré comme le père de la naturopathie en Europe et obtient son diplôme d’orthochiropraticien et de physionaturopathe. L’Ange rouge (c’est son surnom obtenu par ces faits pendant les courses de karting ) s’installe alors à Vitré, devient bourgadin * plutôt que de rester feillou*,  et exerce à temps complet jusqu’à la fin de sa vie. Il raconte ses réussites, ces questionnements, et malgré ces diplômes et la reconnaissance des malades l’ayant sollicité les attaques de médecins jaloux de sa renommée…une histoire toujours d’actualité pour de nombreux énergéticiens.

*

Abio = d’aplomb
Barreux = coupeurs de feu
Amièler = flatter
Bourgadin = citadin
Feillou = Moissonneur ou paysan

 

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